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chanson française - Page 7

  • Louis Arlette, classique et moderne

    On ne saurait que conseiller de se précipiter sur Sacrilèges, le dernier album de Louis Arlette qui avait déjà, par le passé, séduit Bla Bla Blog. Sa personnalité, son univers et la densité de sa musique ne peuvent que frapper. Mais là où le musicien s’avère indispensable – oui, indispensable !  – c’est dans sa revisite de textes classiques de la littérature française. Une revisite ou un sacrilège comme le laisse penser le musicien ? "Je prends un poème que j’adore. Je le déshonore ! Un premier poème. Puis deux... Le plaisir est devenu ivresse. Plongée en apnée....", confie-t-il. François Villon, Ronsard, Alfred de Musset, Gérard de Nerval et – bien sûr – Baudelaire sont les héros de son dernier EP, Sacrilèges. La mort et la fin sont le fil conducteur de cet EP.

    L’auditeur pourra se replonger dans un des premiers grands monuments de la littérature française. Au XVe siècle, alors que Villon, vaurien condamné par la justice, attendait, dit la légende, son exécution, il donne par écrit la parole à des morts pendus. Poignant, humain et exemplaire : "Frères humains, qui après nous vivez, / N’ayez les cœurs contre nous endurcis, / Car, si pitié de nous pauvres avez, / Dieu en aura plus tôt de vous mercis". Ici, Louis Arlette rhabille ce grand classique du Moyen-Âge de sons électro, en redonnant la densité à ce texte à redécouvrir.

    Pierre de Ronsard est lui aussi dépoussiéré. À l’instar de Maurice Ravel qui, en 1924, avait mis en musique le poème "À son âme", Louis Arlette propose une lecture pop-folk et faussement légère d’un texte, en forme d’épitaphe, sur l’âme de l’écrivain et sur sa mort à venir : "Passant, j’ay dit, suy ta fortune / Ne trouble mon repos, je dors".

    Séduisant et incontournable EP

    La revisite de Musset et de son poème "Tristesse" séduira tout autant, avec une mention spéciale pour la flûte métaphysique accompagnant la voix toute en retenue du chanteur : "Quand j’ai connu la Vérité, / J’ai cru que c’était une amie ; / Quand je l’ai comprise et sentie, / J’en étais déjà dégoûté".

    Louis Arlette a fait le choix d’un grand texte de Gérard de Nerval. "El Desdichado" fait partie des "Chimères", la dernière partie des Filles de feu de l’un des grands artistes maudits du XIXe siècle. "El Desdichado" est exemplaire de construction, de poésie et de puissance d’évocation ("Je suis le Ténébreux, – le Veuf, – l’Inconsolé, / Le Prince d’Aquitaine à la Tour abolie : / Ma seule Etoile est morte, – et mon luth constellé / Porte le Soleil noir de la Mélancolie").  Il fallait du cran et de l’audace pour adapter ce chef-d’œuvre en 2023. Louis Arlette le fait avec une gourmandise non dissimulée, délivrant ce sonnet comme on entonne une chanson populaire de marin au long cours.

    Baudelaire ne pouvait pas ne pas apparaître dans cet album. Intelligemment, Louis Arlette a choisi "La fin de la journée", un poème des Fleurs du Mal où la mort est identifié à la nuit, ces "rafraîchissantes ténèbres" : "La nuit voluptueuse monte, / Apaisant tout, même la faim".

    Assurément, ces revisites de classiques français sont délivrées avec intelligence, et sans esprit de "sacrilège" comme le laisserait penser le titre de ce séduisant et incontournable EP. 

    Louis Arlette, Sacrilège, Le Bruit Blanc, 2023
    https://www.facebook.com/louisarlette
    https://www.instagram.com/louisarlette/?hl=fr

    Voir aussi : "Le loup Arlette"

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  • Séparation en beauté

    L’amour, le désir, le besoin de l’autre, la vie à deux et finalement la séparation et le manque : les grandes aventures amoureuses sont d’insatiables sources d’influences pour les artistes.

    La preuve de nouveau avec le dernier single d’Andrea Ponti, "Je ne t’ai pas, dit". La chanteuse française parle avec sincérité d’une séparation douloureuse, mettant en mots et en notes, justement, ce qu’elle n’a pas dit :  "Pourquoi je ne t’ai pas dit de rester / Pourquoi je ne t’ai pas dit de m’aimer / Encore, et encore / Sans t’arrêter".

    "Je ne t'ai pas dit", véritable ode à la sensibilité et à la vulnérabilité, est aussi un appel vibrant à dire aux autres qu'on les aime.

    D’une voix claire et chaude, sur une musique qui réchauffera les oreilles sans les agresser, et soutenue par un clip à la facture classique mais néanmoins efficace, Andrea Ponti continue à tracer son chemin où l’intime a le plus beau rôle.  

    Andrea Ponti, Je ne t'ai pas dit, 2023
    https://www.facebook.com/andreaponti.off
    https://www.instagram.com/andreaponti_off

    Voir aussi : "Andréa Ponti et sa musique"
    "La vie commence à 40 ans"

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  • La glande avec Roland Garros

    Ouais, c’est Sophie Le Cam ! Oui, c’est Roland Garros ! Le mois de juin, le début de l’été, les après-midis passés devant la télé à suivre en cinq sets les petites balles jaunes et les exploits des tennismen français… Euh, en fait, non !

    Sophie Le Cam, que l’on adore, est de retour avec son nouveau single "Mais c'est Roland Garros". Avec sa pop joliment bricolée et son humour, cette irrésistible voix de la scène française propose un hommage tendre au célèbre tournoi, non sans quelques coups de griffe à destination de nos tristes préoccupations quotidiennes : "Faut réserver ses vacances / Au moins 4 mois à l'avance / Et avoir vite des enfants / Et aussi une Peugeot / Mais c'est Roland Garros".

    "Mais c'est Roland Garros" est le deuxième single extrait de son premier album Vedette qui sortira le 1er septembre 2023 au label Le Furieux.

    Sophie Le Cam, Mais c'est Roland Garros, Le Furieux, 2023
    http://www.sophielecam.fr
    https://www.facebook.com/chansonsdemoi.sophielecam

    Voir aussi : "Sophie le Cam est hype"
    "À cause des garçons"

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  • À la source vive d’Almée

    Partons à la découverte d’un nouveau visage de la scène française. Elle se nomme Almée et propose ce printemps son dernier single et clip, "La source vive".

    Musicalement, Almée semble marcher sur les pas de Zazie : voix cristalline, paroles poétiques et qui claquent au vent et une chanson française dépoussiérée et enrichie de sons électro.  

    C’est la recherche de soi-même, de l’autre autant que d’une éternité qu’appelle Almée dans ce très joli titre : "L'été revient et nous révèle / Nos âmes se parlent, et se rappellent / En nous sommeille - un éternel".  

    Almée, La Source Vive, 2023
    https://www.youtube.com/@iamalmee/videos
    https://www.facebook.com/iamalmee

    Voir aussi : "Love Tokyo with Lizzy Ling"

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  • Giulia Falcone, nouvelle pousse de The Voice

    Même les détracteurs de The Voice le concéderont : le célèbre télécrochet permet régulièrement de découvrir de découvrir de nouveaux talents, qui auraient sans doute eu du mal à émerger sans l’émission populaire de TF1.

    Une nouvelle preuve avec Giulia Falcone, issue de la pépinière de The Voice. Elle sort en ce moment son premier single "Lettre à mes parents". La jeune femme et artiste se confie en musique sur les rêves et espoirs d’une Provinciale arrivée à Paris. L’artiste entend bien leur prouver qu’elle a du talent, comme le chantait une certaine légende ("Je veux crier ma vie, ma joie, mes sentiments / Chanter cette flamme qui brûle, toucher au cœur ces gens"). En même temps, cette lettre vocale est aussi une chanson pleine d’amour pour ses parents et énormément de nostalgie pour son pays, ses racines italiennes et sa famille : "Et je reviendrai pour Noël / Les bagages lourd et le cœur léger".

    Giulia Falcone interprète cette jolie déclaration avec délicatesse, et sans ostentation. Ce single devrait parvenir au cœur de beaucoup d’auditeurs.   

    Giulia Falcone, Lettre à mes parents, IDOL Distribution, 2023
    https://www.facebook.com/giulia.falcon
    https://www.instagram.com/giuliafalcone_official

    Voir aussi : "Comme un air de James Bond Girl"

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  • La Zarra, évidemment !

    Il y a tout juste un  an, Bla Bla Blog consacrait une chronique au premier album remarqué d'une quasi inconnue, La Zarra.

    Depuis, la chanteuse québécoise a fait du chemin. Elle représente cette année la France à l'Eurovision, pour la chanson "Evidemment".

    Gageons que son visage va désormais être familier pour le public français. En attendant, nous ne pouvons que dire : "Vive La Zarra ! Vive la France !"

    La Zarra, gagnante de l'Eurovision ? Evidemment !

    La Zarra, Evidemment, 2023
    Concours de l'Eurovision 2023, finale le samedi 13 mai

    https://www.enroute-eurovision.fr
    https://www.la-zarra.com
    https://www.facebook.com/lazarramusique

    Voir aussi : "La grande Zarra"

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  • Les chanteuses disent la vérité

    Saluons d’abord le titre de l’autobiographie de Jacqueline Taïeb, Je chante si on me donne du Chocolat. Une belle entrée en matière, comme le sont d’ailleurs ses débuts, très jeune, en musique. Alors que la jeune Française née en Tunisie se démarque par son appétence pour la musique. Mais pas question de chanter gratos, dit déjà la fillette de cinq ans : "Je chante si on me donne du chocolat !"

    Voilà qui donne un aperçu de la personnalité d’une artiste au caractère bien trempé et déjà hors-norme. Quelque peu oubliée aujourd’hui, Jacqueline Taïeb rappelle qu’elle a été une figure importante des sixties et des seventies. À l’âge de dix-huit ans, encore mineure à l’époque, elle offre son premier tube, l’incroyable et hyper-moderne "Sept heures du matin", trustant les premières places des hit-parades aux côtés de brillantes célébrités, telles que Sheila, Jacques Dutronc ou Michel Fugain. 

    Michel Fugain, il en est d’ailleurs question à plusieurs reprises dans son autobiographie (ses "nouvelles & anciennes", comme elle le dit malicieusement). Elle s’y dévoile sans fard et sans se ménager elle-même.

    Jacqueline Taïeb se dévoile sans fard et sans se ménager elle-même

    Le leader du Big Bazar n’est pas le seul à avoir les honneurs de la chanteuse. Elle n’oublie pas Yves Montand et sa générosité et son professionnalisme ou l’irrésistible Jeane Manson, présentée de manière si généreuse et craquante que le lecteur n’a qu’une envie : la rencontrer pour de vrai.

    Mais l’auteure sait aussi balancer ses coups. Plusieurs artistes ont d’ailleurs droit à un traitement en règle, à commencer par Maurane.

    Le lecteur sera sans doute étonné d’apprendre qu’à côté de chansons françaises de Jacqueline Taïeb (citons le succès intemporel de Michel Fugain "Les Sud Américaines" ou encore le morceau rock, eighties et non sans humour "Les chanteurs disent la vérité" ) figurent une série de tubes de pop internationale de la regrettée Dana Dawson (à commencer par le célébrissime "Ready to follow you"). Dans un passionnant chapitre, la musicienne raconte l’histoire de cette aventure artistique américaine, tout en la relativisant.  

    Jacqueline Taïeb propose avec ce court livre qui devrait passionner les fans de sixties et seventies une plongée dans une époque que l’artiste regrette. La nostalgie est présente mais aussi de vraies et belles déclarations d’amour. Le lecteur y trouvera aussi des coups de gueule et des coups de sang, notamment dans un tout dernier chapitre consacré à sa famille.

    Je chante si on me donne du chocolat permet en tout cas de redécouvrir une artiste à la vie passionnante et qui peut se targuer d’avoir proposé quelques titres qui mériteraient de sortir de l’ombre.  

    Jacqueline Taïeb, Je chante si on me donne du Chocolat, Amazon, 2023
    https://jacquelinetaieb.fr
    https://www.facebook.com/JacquelineTaiebOfficiel

    Voir aussi : "La plus belle histoire d’amour de Nicole Rieu"

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  • La plus belle histoire d’amour de Nicole Rieu

    Avec son nouvel album Et la vie coulait, Nicole Rieu est de retour en 2023 après un grand et riche parcours dans les années 70 et 80 (une participation à l’Eurovision en 1974 avec "Et Bonjour à Toi l’Artiste", une série de tubes tels que "Je suis» , "Ma Maison au bord de l’Eau", "Je m’envole" , "En courant" ou "La goutte d'eau", Grand Prix de l’Hexagone d’Or au Midem 1980), sans compter une participation à la Tournée Âge Tendre et Tête de Bois en 2012.

    Observatrice, sage, engagée, mémoire vivante de la chanson, artiste moderne, philosophe : les qualificatifs ne manquent pour qualifier celle qui se pose en observatrice attentive et en contemplatrice de la vie et du temps qui passe. "Et la vie coulait / de jour en jour / De dune en dune", chante-t-elle par exemple dans "Et la vie coulait", repris en chœur sur la toute dernière piste. Nicole Rieu pose un regard introspectif et plein de sagesse sur son existence et sur le temps qui lui reste ("Et me voilà aujourd’hui près de la rive").

    Un temps qu’elle met à profit pour oser l’engagement et rappeler notamment de et belles grandes figures contemporaines. Luther King, Jean Jaurès, Mère Teresa, Angela Davis, Aretha Franklin ou Louise Michel sont les héros de cette formidable chanson à la gloire de ces voix, dont "nous sommes les héritiers" ("Les héritiers", en duo avec Frédéric Bobin).

    Preuve de l’engagement intact de Nicole Rieu, elle adapte un large extrait "Des œillets rouges" de Louise Michel : "Aujourd'hui va fleurir dans l'ombre / Des noires et tristes prisons. / Va fleurir près du captif sombre, / Et dis-lui bien que nous l'aimons. / Dis-lui que par le temps rapide / Tout appartient à l'avenir ; / Que le vainqueur au front livide / Plus que le vaincu peut mourir."

    Engagement encore avec "Les baleines et les coquelicots", qui est aussi un hymne à la nature, qu’elle soit brute ou plus délicate, sur une musique de Julien Rieu de Pey, dont Bla Bla Blog avait chroniqué le premier album. 

    "Vous m’avez manquée"

    Engagée dans des combats actuels, notamment pour les réfugiés ("Sa poupée de chiffon"), Nicole Rieu sait aussi se faire contemplative, poète, rêveuse ("Mardi sous la pluie"), mais aussi romantique. Il a-t-il encore de l’espoir, se demande la chanteuse dans "Autant te dire" ? Un titre qui est celui sur un couple amoureux et vieillissant ensemble. "On a passé le cap de la folle espérance / Si le temps nous rattrape c’est la chance".

    Tout aussi personnel, "La vallée" est un titre nostalgique ("Il a disparu mon village"), dans lequel l’artiste chante son immuable attachement à sa vallée malgré le modernisme galopant et souvent destructeur. Encore plus fragile et délicate, Nicole Rieu parle, dans "Le temps d’un soupir", de la mort, avec tendresse et un détachement tout stoïque, sur le son "d’une fugue ou d’un prélude". L’ailleurs existe-t-il, se demande l’artiste ? Qu’importe. L’instant est précieux en attendant la mort ("Ne pas la retenir / Même si le temps s’étire").

    L’auditeur sera sans doute surpris de constater l’art de la composition toujours intact, à l’instar "Des chicanes", plus rock, plus rugueux. Et tout aussi engagé et moderne (avec un bel hommage à Greta Thurnberg), avec finesse, et sans l’ostentation de beaucoup d’artistes actuels. "Comment on n’a pu se laisser faire ?" se demande en conclusion Nicole Rieu.

    Oui, Nicole Rieu reste à la fois toujours actuelle et bien consciente des traces artistiques qu’elle a laissées. "Comme vous j’ai écouté / Ce printemps inventé / D’un élan sincère / De nouveaux repères", chante-t-elle dans  "Le printemps vin(g)t". Une confession et un vrai chant d’amour pour son public. "Vous m’avez manquée", comme elle le dit avec sincérité.       

    Nicole Rieu, Et la vie coulait, Inoüie Distribution / MAD, 2023
    https://nicolerieu.com
    https://www.facebook.com/rieunicole
    https://www.instagram.com/explore/tags/nicolerieu

    Voir aussi : "Grand vent pour Julien Rieu de Pey"
    "Du tempérament"

    Photo @Thierry Rajic

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